GELSOMINA

Publié le par D'un Acteur, l'Autre

GELSOMINA

 

de Pierrette Dupoyet

Avec Juliette Croizat

Mise en scène Christophe Gauzeran

Librement adapté du film
La Strada
de Federico Fellini -
Chez Actes Sud

 

Du 27 février au 29 mars 2007

Du Mardi au Samedi à 19h – Dimanche à 15h.

Théâtre Le Ranelagh

5 rue des Vignes – 75016 Paris

Production FOIRE SAINT-GERMAIN – Cie FAHRENHEIT 451

Avec le soutien de Michel Nowak – Les Noctambules-Arènes de Nanterre.

Publiée en 1988, Gelsomina reprend l’histoire de La Strada mais du point de vue du personnage interprété par Giulietta Masina. Amie du couple, Pierrette Dupoyet avait bénéficié de la bienveillance et même de l’enthousiasme de Fellini pour son adaptation

Gelsomina, jeune femme restée dans l’enfance, se retrouve presque « vendue » à un artiste de cirque itinérant, un colosse de foire. Fragile et généreuse, elle est confrontée à la vie de roulotte avec Zampano, homme brutal, qu’elle assiste dans ses numéros. De cirques en cirques, de places de village en places de village, elle rencontrera le Fou, un funambule qui l’écoute, lui parle « comme quelqu’un d’important »… Une rencontre qui la marquera à tout jamais mais l’errance continue avec Zampano qui semble ne lui accorder aucune importance. Elle tente en vain de nouer d’autres relations avec lui, de défaire « son armure » et de dévoiler l’humain qui est en lui mais il reste fermé, semble incapable de sentiment… jusqu’au drame final.

Pierrette Dupoyet réussit le pari de faire parler Gelsomina, de lui inventer un langage. C’est comme si l’on pénétrait dans son univers mental, comme si nous la surprenions seule en train de se raconter son histoire. Par la grâce de l’écriture, on passe derrière les yeux de Gelsomina, on découvre avec elle sa façon de voir, de ressentir les différents évènements de sa vie, les personnages rencontrés. C’est un rapport d’intimité qui s’établit avec le personnage.

Zampano, où que tu ailles, quoi que tu fasses, à quelque cirque que tu appartiennes, tu ne pourras jamais te déshabiller de moi. Tu ne m’as pas laissée dans la neige, au bord d’une route, comme tu le crois… tu m’as emportée avec toi, malgré toi !

Ne cherche pas à fuir mon souvenir… je suis déjà loin devant toi ! Là où tu iras, je suis déjà… je t’attends là où tu ne sais même pas encore que tu vas aller…

Le propos

 

Gelsomina, à la fin de son voyage, se réveille sur le bord d’une route, seule… Elle se souvient comment tout a commencé, la mort de sa sœur, l’arrivée de Zampano, le départ, la route…

 

C’est l’histoire d’un petit être fragile, inadapté au monde qui l’entoure, pas complètement femme, encore un peu enfant et qui regarde avec des yeux trop grands, trop candides, trop généreux.

 

Plus qu’une adaptation, Pierrette Dupoyet nous livre une véritable réécriture de l’œuvre de Fellini, c’est un texte de théâtre autonome qui se joue pour lui-même. Alors que dans le film original, le personnage est quasi-muet, à la limite de l’autisme, c’est elle et elle seule qui raconte ici l’histoire, faisant revivre les autres personnages par son imaginaire et recréant ainsi des scènes entières plus ou moins réelles, plus ou moins rêvées. C’est une autre vision de La Strada

 

 

Nous sommes dans un lieu qui peut être le bord d’une route mais qui est surtout l’imaginaire théâtral. Gelsomina revit autant qu’elle rêve : la vie en roulotte avec Zampano, les numéros de briseur de chaîne, de clown, mais aussi la rencontre du Fou funambule, les trapézistes… Gelsomina rêve qu’elle marche sur un fil, fait du trapèze, tout comme les gens du cirque qu’elle a rencontrés et qui l’ont fascinée. Il ne sera donc pas question de « numéros sensationnels » mais d’un désir de cirque.

 

La question peut se poser du choix de ce texte étant donné la présence dans nos mémoires du film La Strada. En réalité, Fellini a inventé un personnage qui existe en tant que tel, une sorte de personnage exemplaire qui n’est plus la propriété d’une seule œuvre mais qui appartient à tous de par son universalité. On ne se demande pas à qui appartient Arlequin, Pierrot ou le clown Auguste… Un Don Quichotte s’est affranchi depuis longtemps de son auteur pour pénétrer notre imaginaire collectif. Il en va de même pour Gelsomina qui est un personnage de fiction, plus beau, plus fort, plus complexe qu’une stricte réalité. Nous avons donc travaillé sur le texte, en tant que texte original et autonome et « en compagnie » de La Strada , sans s’y référer systématiquement mais sans non plus oublier ce beau voisinage. C’est une autre façon de suivre la même route…

 


 

 

Publié dans dunacteurlautre

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